Les maisons Dinardaises et leur style
J’ai le souvenir d’une promenade au jardin du Thabor, à Rennes, j’avais une vingtaine d’années, j’étais parti lire au soleil devant les serres un matin de juin. J’avais rencontré, en fait, c’était un gars que je connaissais un peu, un journaliste dans la presse locale assis ce jour là sur la chaise d’à côté qui écrivait sur un cahier à spirale, quelques lignes… un peu comme William dans la chanson… cela donnait, souvenez vous et vous pouvez fredonner:
« mais j’ai trouvé dans mon carnet à spirale, tout mon bonheur en lettres capitales… à l’encre bleue aux vertues sympathiques sous des collages à la gomme arabique…
Après quelques instants, j’ai brisé la glace et entamé la conversation. Après de rapides présentations vu que lui aussi, même s’il faisait mine au début de ne pas me connaître, m’avait également reconnu, nous avons dialogué. Il ébauchait un article sur un monsieur agé, d’une soixantaine d’années, vous voyez si c’est vieux, qui s’était fait une spécialité de séduire les femmes de sa tranche d’âge qui venaient se promener, courir pour certaines, lire pour d’autres ou simplement regarder les fleurs pousser, ce dernier passe-temps étant finalement une très bonne occupation. A écouter le journaliste, le monsieur avait une belle verve (j’ai bien dit verve) et son business marchait plutôt bien, peu farouches qu’elles étaient, à son dire. On devine le bonhomme quand même un brin macho voire même prétentieux. Ces femmes avaient à son dire, oublié qu’à leur âge on pouvait s’intéresser à elles et leur dire de jolies choses. Jamais je n’ai su si son article et ses propos étaient romancés, je pense que le monsieur devait effectivement exister. Ce qui m’avait marqué, c’est que le monsieur en question leur avait trouvé un qualificatif à ces femmes qui habitaient toutes le quartier, il les appelait “la Sévigné” comme si c’était un style ou une marque. Il disait, d’après le journaliste, “je séduis la sévigné”, cette façon de parler n’engageant que lui bien sûr. Comme chacun sait, le jardin du Thabor est dans le quartier Sévigné, quartier jugé chic, appelé encore par les agents immobiliers “le triangle d’or”. Remarquez quand même que, outre le fait que c’était une chouille funny, ce n’était pas très stylé ni agréable pour ces femmes, peut-être, pas les plus drôles, mais au demeurant femmes avant tout et très respectables et qui excellaient à marier le deux rangs à perles et la jupe écossaise.
Alors, pourquoi parler de la “Sévigné” dans un article appelé architecture à Dinard… à Dinard les maisons classiques de fin de siècle ont toutes un style en matière de construction, d’architecture, on les appelle les “Dinardaises”. alors quelques fois quand j’entends parler de “Dinardaises”, je pense à l’histoire de ce journaliste qui m’avait distrait un instant avec son histoire de “Sévigné”
Alors, le style Dinardaise, est assez facilement reconnaissable, de la pierre locale, des briques souvent pour mettre en valeur les fenêtres ou les lignes tendues, des toits qui se croisent, des façades décalées avec des détours et au minimum, des maisons assez grandes, les plus belles étant bien sûr en bord de mer. Ahhh… le charme discret de la Dinardaise sur la pointe de la Malouine vaut assurément le charme de la Sévigné. Habillée tout aussi classiquement, parfois juchée sur des talons, les bow-windows en avant, les chapeaux fleuris aux faîtages de laiton et aux poutres apparentes, elles revendiquent le charme désuet du classique bien travaillé, celui qui traverse les années sans prendre trop de rides. Nombreux sont ceux qui, soit en marchant, soit en courant, empruntent la promenade du clair de lune pour d’un côté regarder la mer, Saint Malo de loin, Harbor et Cézembre, et de l’autre côté ces maisons au dessus de soi, qui forcent la magie du site. La pointe de la Malouine est habitée par une certaine tranquillité. La proximité de la mer au bord de ces maisons assure une lumière émeraude qui change au fil des marées. La mer change aussi. Ses couleurs splendides tournent autour du vert émeraude ou des bleus turquoises selon les effets de lumière, avec des dégradés en fonction de la profondeur de l’eau, jusqu’à des couleurs très claires sur les bancs de sable lascifs, qui s’offrent au regard à marée basse.
La pointe de la malouine:
les villas ont été construites fin 19ième et début 20ième en une vingtaine d’années par un promoteur immobilier qui avait un peu d’argent et qui voulait investir. Son projet était de diviser en parcelles pour faire un lotissement de luxe. Il a ainsi fait une cinquantaine de villas!! Certaines étaient louées, d’autres vendues. Le business était plutôt profitable. La plupart a été vendue après la guerre, celle de 14, à des particuliers comme vous et moi… enfin non, vous peut-être mais pas moi. Les héritiers du monsieur, Poussineau, tel était son nom, en ont gardé quelques unes mais la majeure partie a été divisé en appartement à toute fin de rentabilité et de gestion financière. Previously, le terrain appartenait à un duc, homme politique et sénateur, qui avait acheté les 4 ha de terrain 30000 francs… bon les francs, c’était des anciens francs et ça devait valoir un peu quand même en 1890. Le duc voulait construire un château sur la pointe.
De nombreuses villas ont également disparu, telles que la villa du marquis de Mortemart, la villa Les Terrasses, le château Coppinger, la villa Sainte-Catherine, le château de la Malouine et bien d’autres encore et ce dans les années 1960 – 80. Un mot sur les Roches Brunes: seule bâtisse louis 18, elle est commandée par le frère de Mr Poussineau couturier de son métier. Ce dernier la revend en 12 au président des syndicats des ingé qui la revendra à Mr Braud, fondateur d’une entreprise de machines agricoles. Son fils en héritera. La ville en héritera après. Il y avait une villa jumelle des roches brunes au dessus de la plage de port Salut. Cette maison s’appelait Greystone, elle a été rasée en 38 pr construire l’actuelle Greystone que tout le monde connait.
2 réflexions sur “Architecture à DINARD”
Les commentaires sont fermés.