Combi en WE: l'essai transformé

Comparo: le choc des titans, un pur et dur qui traverse le temps: le combi VW T2 1979, et un facile, moderne, le van Mercedes 2015

Imaginez l’espace d’un instant, vous êtes en train de prendre l’apéro après une dure journée de labeur sur le bord d’un zing, enfin… vous soufflez. Il y a quelques années, vous aviez eu l’occasion de faire quelques prestations pour un magazine de moto, c’est loin, et derrière vous, dans ce même bar, le rédacteur en chef de ce même magazine. On se reconnait, on se dit bonjour poliment, et on engage la conversation. Sympa le gars, il a pris un peu cher au fil des années, porte la barbe comme tous les vieux de 55 ans afin de cacher les joues creuses mais ses yeux sont toujours les mêmes, des yeux qui rient et qui sont joyeux, ça lui donne un incontestable côté convivial. Un jean, des mocassins en daim une veste en daim, une écharpe négligemment tournée autour du cou, il m’écoute avec intérêt comme si je lui racontais la vérité sur la relation incestueuse entre Abel et Caïn. Pourtant en matière de véritable intérêt, il doit y avoir mieux, j’en suis à résumer mes dix dernières années après lesquelles j’avais écrit deux articles dans son magazine, je veux bien croire que deux ou trois choses méritent un peu d’attention, mais de là à concurrencer les deux frères de l’antiquité qui jouent dans le noir, il y a une distance. Lui me raconte à son tour sa vie, il a toujours les magazines de motos et a crée, repris et développé des magazines autour du van vintage ou des vans en général. Intéressant, il se débrouille bien avec ses business! Après une ou deux bières, la relation est tout aussi sympathique qu’il y a quelques années. Nous rions un peu fort, c’est presque comme si nous avions gardé le contact tout de temps. C’est vraiment sympa. L’heure avance, il faut que nous rentrions, on décide d’échanger nos coordonnées, enfin presque, moi j’avais gardé les siennes. Deux jours plus tard, un mail de lui dans ma messagerie. J’ouvre, le lis, je relis et re-relis. En fait en deux mots, mon pot, oui c’est d’autant plus mon pot avec ce que je vais vous dire… me propose un road trip en van en NZ. Un de ses journalistes, s’est cassé le col du fémur à moto… je croyais que ça ne touchait que le 3ième âge moi les cols, il faut que je fasse attention avec mes réflexions, je pourrais prendre un coup de déambulateur… enfin tout de go, il me propose de le remplacer au frais de la princesse, enfin du prince. Il s’agit de faire un essai ou plutôt un comparo de van: à ma gauche dans les cordes, celui qui hier et encore aujourd’hui fait tourner les têtes, rêver les jeunes filles, le van où l’on trouve au volant, le surfeur aux cheveux blonds, je veux parler du Combi VW T2 et à ma droite, plus pratique et plus pragmatique, plus récent, le van Merco 2015. Tous les deux sont d’origine Teutonne, c’est du bien fabriqué, bien pensé. Un assez simple de conception et qui traverse les générations, l’autre, qui bénéficie de quelques avantages de conception et de confort dus à sa jeunesse et à la techno actuelle. Eh bien… je crois que je vais dire oui, ouaip, c’est même sûr, le passeport est en court de validité alors il ne reste plus qu’à faire la valise et régler deux ou trois détails sur ce que veut le garçon comme style d’essai et d’article, car il s’agit bien de faire un article pour un de ses magazines, article qu’il compte vendre aussi à la presse spécialisée néo-zélandaise d’où la destination. Une semaine plus tard, je suis là-bas à Auckland après deux fois 12 heures de vol quand même. Affalé dans un canapé dans la vitrine de la concession Mercedes à la pelouse léchée et coupée aux ciseaux, on dirait qu’elle sort de chez l’esthéticienne, je les regarde les deux vans. M’attendent un blanc, classique sobre, presque neuf, le Mercedes, l’autre, pur style vintage, aux courbes arrondies d’un bel orange… mais c’est moi qui suis pressé! La nana de l’accueil m’annonce avec un joli sourire en même temps qu’elle m’apporte un café que les véhicules sont ready. Alors parlons technique justement et faisons ça dans les règles de l’art. On va commencer par la Volkswagen, la place d’une reine n’est pas dans l’arène mais sur la route.

Esthétique, look, style

Sur ce critère, si on juge à l’applaudimètre, le VW gagne haut la main. Si vous circulez avec, les gens s’arrêtent pour regarder l’engin, ils vous sourient, parfois viennent échanger avec vous, vous raconter quelques anecdotes de leur enfance où avec leur père ou le voisin, ils ont fait ci ou ça. Conduire un Combi, c’est assurément vous assurer la sympathie des autres parce que c’est un véhicule cool, un véhicule de vies, une période de vie, la période baba. Si vous êtes une conductrice, les garçons vous regardent avec les mêmes yeux qu’ils regardaient Ursula Andress quand dans le Bond, elle sort de l’eau en bikini avec son coquillage et son poignard, je ne sais pas vous, mais moi j’en ai gardé une mémoire inéffable durant des années.  C’est vrai que c’est un beau véhicule tout en rondeurs, un peu joufflu qui vous regarde avec des yeux enjôleurs. Il, en plus, est empreint d’une époque, l’époque beatnik, et qui a su tranquillement traverser le temps pour être encore aujourd’hui et assurément demain, un objet de rêve. On l’a vu en poster, il est encore sur les tee-shirts partout dans le monde, il est le support de publicités à la tv, si le Tché avait roulé en combi, on aurait fait des tee-shirts d’enfer, sa fameuse photo, l’unique et un combi en plus! Partir à son volant, c’est magnifier son road-trip, voyager autrement, être autrement. Les couleurs sont souvent juicy, très souvent deux tons, ça change des blancs, noirs ou autres couleurs standards.  De l’autre côté, l’esthétique du Merco est comment dire … juste Deusche fabrike façon utilitaire pur et dur. Je ne vois même pas quoi dire sur son esthétique… c’est… c’est… un truc à quatre roues. Round 1: 6 – 0 pour le Combi et un set à rien!

Motorisation et confort de conduite:

Quelques inquiétudes toujours quant à la fiabilité du Combi, oui il est légèrement d’une autre époque, mais il n’existe pas de propriétaire de Combi qui ne vous dira que ça fait partie du jeu, cette incertitude aiguise les sens dans un monde quotidien sans saveur, tout à fait secure et bien rangé. Doté d’un 2 litres de cylindrée, celui de la Porsche 914 avec double carbu, il développe tout mouillé environ 70 cv. A son volant, malgré le moteur monté sur la 914, la conduite sportive est à peu près inenvisageable compte tenu du couple chassis-motorisation et si dans un virage, l’arrière chasse, c’est sans doute qu’il pleut ou que la route est grasse. Sa boite de vitesse fonctionne parfaitement mais c’est le type de boite où il faut des explications à un nouveau conducteur afin de savoir par exemple passer la 3. La boite est tellement imprécise, qu’il faut avoir subi un cours en amont pour connaître le mode opératoire, la marche arrière, si quelqu’un à côté de vous dit pas qu’il faut appuyer sévèrement sur le levier pour la passer vous n’osez pas. Les freins freinent mais pas pareil sur les quatre roues ce qui occasionne parfois des surprises. Au démarrage le matin, il faut vous concentrer pour ne pas louper le coche car autrement vous noyez le moteur et si vous êtes dans le garage ce n’est pas trop grave, mais si vous êtes perdu dans une vallée à 20 km de toute habitation et sans réseau gsm, vous serrez les fesses. La journée vous êtes à l’écoute d’éventuels bruits bizarres tout autour de vous, d’ailleurs vous mettez peu la radio car sauf à avoir installé une chaine de 100 watts, on n’entend rien compte tenu du bruit ambiant dans l’habitacle. Il y a quand même une ceinture de sécu deux points s’il vous plait mais pas à enrouleur, ne rêvons pas. L’airbag n’avait pas encore été inventé, de toute façon vous avez les genoux qui sont au dessus du pare-chocs avant alors en cas d’accident, l’airbag s’il avait existé n’aurait même pas eu le temps de s’ouvrir que vous aviez les deux jambes broyées, l’airbag aurait peut-être servi pour éviter de se faire refaire les ratiches et la mâchoire en cas de choc frontal. Bien sûr le Combi n’a pas de direction assistée, c’est bien connu, comme de toute façon il faut corriger sans arrêt le tir afin de rouler droit, une direction assistée aurait par trop manqué de précision, c’est du bon sens! Les suspensions sont des trucs qui permettent aux Combi de faire du yoyo sur la route, très pratique mais parfois désopilant car vous pouvez ressembler au volant, au chien qui sur la lunette arrière remue la tête. Pour ce qui est des distances de freinage, il faut… prévoir, ouaip, c’est comme la météo, il faut prendre en compte les prévisions car autrement vous finissez soit dans le fossé ou dans la voiture de devant, si la fille est jolie c’est tant mieux, si c’est Marcel qui rentre de vacances en R12 avec mémère, c’est ballot. Bien sûr avant de partir en roadtrip, il faut surveiller le niveau d’huile et prévoir un bidon d’huile, non pas pour la salade ou les frites mais pour le moteur, un Combi qui ne consomme pas d’huile est dangereux. De l’autre côté du ring, le Merco, démarre au quart de tour, avec son gros 3 litres il avale les côtes comme un Tchétchène la Vodka, sa boite auto confère une facilité de conduite sans égal, à son volant, c’est la facilité, la sécurité, la tranquillité. La fiabilité du moulin à fait ses preuves sur tous les continents… pfeuuuu… triste.  Alors là, en toute honnêteté, le calcul est facile à faire quant aux points de ce chapitre et la note du Merco est relevée grâce à la boite auto, Round 2: Combi – Merco   6 – 2

Confort intérieur:

LeCombi, c’est le côté séduisant des tissus anglais des années pop, la cuisine est simple mais très fonctionnelle, le frigo marche bien mais si vous voulez des glaçons pour le Pastis, il est plus rapide d’aller en demander au rayon poissonnerie de la Carroufette. Le canapé, oui Madame, il y a un clic clac, se déplie facilement pour offrir un lit deux places de 110 de largeur. Le matelas est… simple, peu épais et il est préférable en amont de faire un peu de muscu et de travailler son dos avec votre coach afin d’éviter de se réveiller coincé. Pour les ceintures noires de Kamasutra, il y a quelques positions à éviter si vous ne voulez pas vous cogner la tête dans le plafond. L’espace est contraint mais suffisant pour avoir un véhicule qui se faufile partout y compris dans les ruelles de villages du sud  de la France ou d’Italie. Les sièges avant de notre combi sont en vrai skaï, les écologistes vont grogner, on voit bien que c’était une autre époque, aujourd’hui, le skaï est protégé, il a l’avantage de tenir chaud, en été dans les bermudas. Déco kitch pour le Combi contre déco fonctionnelle pour le Merco. Sur le Merco, tout est efficace, correcte, droit comme la ligne, je crois que les militaires aiment, on notera un effort avec des sièges avant en cuir noir de belle facture, comme les soirées de la voisine .   Là… sans parti pris… les notes sont faciles.  Round 3: Combi 6 – 3 et je prends en compte le fait que le frigo du Merco fasse des glaçons! 

Consommation:

D’un coté un moteur à essence, un bon 2 litres à plat, celui de la Porsche 914, de l’autre un 3 litres diesel qui fait payer des taxes en sus en NZ. Alors vous savez comment on fait des tests de conso, c’est assez simple, on regarde en vitesse de croisière et on calcule. Pour le Combi, la vitesse de croisière est de l’ordre de 90 km/h tout mouillé et à cette vitesse il consomme avec une conduite économique  un petit 10 litres. Bien sûr on peut rouler plus vite mais alors ça change les paramètres de vol, il faut surveiller la tempé moteur, valider la check list et rappelez-vous de faire attention aux distances de freinage, donc … rouler à 90, c’est bien.  Le Merco,  roule bien aussi à 90 et consomme un petit 8 litres mais peut rouler à des vitesses supersoniques… des trucs de dingue, façon une automobile… à 130 et plus… mais comment voir le paysage à cette vitesse aussi le Merco sera pénalisé pour vitesse potentielle excessive… – 25 points sur le round! En fait le Merco étant au diesel, il supporte 7 cents au km de taxe en NZ la présidente ne badine pas avec les pollueurs. Le verdict est sans appel. Round 4: Combi Merco 6 – 0 ! et bam … 4 sets à 0 pour le combi… sur une partie qui se joue en 5 sets gagnants… ouiap… c’est les règles ici les tennismen … et c’est moi qui décide de toute façon!

Le point de vue de la conductrice:

Pour ce Round nous avons demandé à Josie, une Instagrameuse de renom, plus de 5000 followers,  de faire l’essai. Josie, une quarantaine d’années, pour le moins apprêtée avec soins, rousse à la chevelure de feu, embrase sur son passage tout ce qu’elle croise. Jupe droite, tenue droite, lunettes droites, buste et hanches arrondies. Alors Josie, qu’en pensez-vous, quel a été pour vous premier contact avec le combi? Alors, pour être honnête, conduire le combi avec mes Padovan, talons de 12, c’est pas facile d’autant que les pédales sont attachées au sol… c’est normal, ça? Oui Josie, les pédales c’est normal, mais pour le reste Josie alors? Eh bien j’ai trouvé que le volant est tout plat et  j’ai du me faire aider par un de vos journalistes pour tourner le volant pour démarrer… la direction est très dure! C’est normal Josie, et alors, une fois en route, c’est comment Josie?  Ahhh , là ça devient très agréable, le vent m’ébouriffait un peu car j’avais mis le bras à la portière, je crois que je vais devoir refaire ma mise en plis, mais whaaaoooo,  j’ADORE!!  Bon je ne vais pas vous mentir, je n’ai pas essayé de faire un créneau mais de toute façon, çà ne joue en rien, je les rate tous… hihihi. Et la déco intérieure Josie? ooooh très très jolie, ce tweed écossais, je l’ai déjà pris en photo,  je vais le publier sur mon insta et je vais en publier une autre du combi vu de l’extérieur, j’Adoooore la couleur orange, vous avez vu comment ça va bien avec mon foulard? Ok Josie, alors…, votre avis général…? vous adoptez? Ohhh oui il est trop chou, je veux le même, j’en veux un j’en veux un! Bon Josie, il y a maintenant l’autre van à essayer, le Merco. Oui Josie? Vous avez un rdv ? Mais mais… Josie revenez !  Bon alors là… Josie vient de partir comme vous avez compris, à croire que l’essai du Merco ne lui plaisait pas… Pour le comptage c’est facile et sans aucun parti pris, Round 5: Combi 6 ,  Merco 0.

Conclusion: Et bien mes chers amis, le résultat parle de lui même, le Combi gagne haut la main ce match cinq sets à zéro, un score façon Williams vs Leconte. On peut se demander qui pourra détrôner le Combi avec un tel score? Bon il faut que je vous laisse il faut publier, les rotatives chauffent.