Djerba: belle plage ou belle vie en Tunisie? 

Djerba ce n’est pas que la plage car oui, on ne va pas se voiler la face, quand on pense généralement à cette ile, c’est souvent synonyme de vacances au soleil et de farniente. On a tout de suite les images du film les Bronzés, avec Josiane et Thierry, avec Blanc et le moustachu. D’ailleurs, dès que vous avez les images du film, vous avez aussi la musique… souvenez vous, l’air vous revient, s’immisce en vous, oui… vous avez presque les paroles et grâce à moi, vous allez l’avoir dans la tête toute la journée… les paroles c’était ça: 

« Y’a du soleil et des nanas, bienvenue à Galaswinda, darla dirladada, on va s’en fourrer jusque là darla dirla dada » quant à la suite vous la connaissez. Tiens, vous avez le sourire aux lèvres maintenant, car oui, le film avait bien marché et au fond… vous aviez bien aimé. Vous aviez même souri et presque ri des fois, même si on ne va pas se cacher, à l’époque, vous préfériez parler du film « voyage au bout de l’enfer » ou « Midnight express » sur lesquels il y avait beaucoup plus à dire car d’un côté vous dénonciez le Vietnam et les guerres colonialistes et de l’autre vous dénonciez la drogue et la violence dans les prisons. Dans les cafés littéraires en 78 avec les copines, pour ce qui est du sujet cinéma, vous cochiez ces cases là en même temps que vous pleuriez la mort de Claude François et les 10000 oiseaux morts avec la catastrophe écologique à cause de l’Amoco-Cadiz sur nos belles plages en Bretagne.

Djerba c’est pourtant autre chose que la plage même si c’est elle qui fait briller les yeux des touristes. C’est bien cette qualité de l’eau, ce bleu de la mer, ce soleil omniprésent de nombreux mois de l’année qui fait rôtir ou brunir la peau des parisiennes qui viennent se faire lécher la peau du dos dès le mois de mai pour être belle avant les autres aux terrasses des cafés revenues à paris. Pourtant, ces dernières années elles avaient, elles et les autres, disparues de la circulation à Djerba. Les boutiques étaient vides, les hôtels aussi et peu d’entres eux sont restés ouverts pour espérer accueillir les rares étrangers à venir découvrir cette ile riche de plaisirs. Rendez vous compte, en 2021 c’est quatre fois moins de touristes à avoir bravé le Covid qui se sont rendus là-bas, en 2019, ils étaient plus d’un million à venir rien que sur cette ile. Les vacanciers, c’était plus de 14% du pib de cette ile et ils donnaient à vivre directement oui indirectement à près de 50000 personnes dont le travail en dépendait. Les habitants qui parfois se plaignaient que les touristes étaient trop nombreux se plaignent maintenant de l’économie touristique appauvrie. Car oui, ici, comme en Tunisie d’ailleurs, la richesse économique est bien fondée sur cela, ce pays est moins riche que les voisins Algérie Lybie dont les ressources naturelles sont autres.

Alors oui, Djerba est sans conteste l’ile à l’or bleu, celle des plages au sable blanc et des hôtels en rang d’oignons sur les plages, un peu comme à Roscoff excepté qu’à Roscoff ce sont les oignons qui sont en rang. A Djerba, vous avez même, classées dans les vingts plus belles plages au monde, deux plages sur l’ile, enfin… je doute de la qualité du classement car celle de la Fourbe n’y était pas. Qui plus est pour les avoir vues, elles sont « juste » des plages sans vraiment de cachet, de bonne taille surtout pour recevoir suffisamment de personnes. Les Tours Opérateurs ne s’y sont pas trompés, toute la clique est là à commencer par le club med bien sûr, un des premiers à s’y être installé mais aussi les autres et il y a en a pour tous les goûts et tous les budgets. Sur la plage, pas de différences notoires  pour ce qui est des coups de soleil sur les fesses des pdg ou des prolo, tout le monde est à la même enseigne. Ca sent l’huile solaire à plein nez, le jojoba est roi, le tiaré est largement dispensé. Les cuisses et les épaules brillent de mille feux au soleil de midi. Les cocktails à la main, accoudée au bar de la piscine, les lunettes de soleil sur le nez, vous êtes la reine et c’est à pleines dents que vous éclatez de rire aux plaisanteries de vos copines avec lesquelles vous avez fait un break d’une semaine pour se sortir de la vie oppressante du boulot. Cette semaine vous l’avez bien méritée, elle va vous requinquer, vous avez décidé d’en profiter.

Djerba, ce n’est pas pourtant que les plages et les cocktails, il y aussi de jolies choses à découvrir et pour celles et ceux qui sont capables de sortir au moins une journée de leur hôtel et de louer une auto ou un scooter, il est de bon ton d’aller visiter un peu. Au nord, il n’y a pas que les Corons malgré ce que veut bien dire Pierre, il y a une sympathique ville Houmt-Souk dans laquelle il est interessant d’aller fureter dans les souks, oui avec un nom comme ça, vous auriez deviné. Ici contrairement à Marrakech, difficile de se perdre, en effet la taille est beaucoup plus raisonnable. Vous aurez néanmoins le plaisir de sentir les bonnes odeurs des étals de poissons à la criée, vous pouvez du reste demander de vous en faire griller un pour manger sur place ou en take-away. Les vendeurs de poissons crient un peu comme les poissonnières chez nous, c’est amusant mais avec un accent qui n’est pas l’accent finistérien. Vous pourrez y faire quelques courses aussi pour le déjeuner si vous voulez et y acheter quelques petits souvenirs tunisiens pour les enfants restés seuls à la maison avec votre époux qui, manque de chance, n’a pas pu se libérer de son travail. Profitez en pour acheter peut être un chapeau de paille, le soleil tunisien est un des plus fort en Afrique et en plus vous ferez marcher le commerce et ils en ont bien besoin de vos devises les commerçants après cette période de Covid qui a mis tout le monde en situation critique. 

A Midoun, juste à côté de Houmt-souk, le musée Lalla Hadria est passionnant pour les amateurs de céramiques, tapis, bijoux choux-cailloux-hiboux… ce n’est pas moins de quinze galeries, un festival de couleurs vous y attend. Un autre musée à voir si vous avez encore du temps ou besoin de fraicheur, le Sadi Zitouni, pour ce qui est de l’art populaire, il est celui-ci dans un ancien sanctuaire du 18ieme.

Une fois quitté la ville de Houmt-Souk  descendez plein sud, il y a un truc absolument à ne pas louper, cherchez sur votre GPS Djerbahood. Non ça n’a rien à voir avec la forêt de Sherwood et à ses archers, c’est un village qui a, sous l’impulsion d’un artiste local, su mettre en valeur le street-art et c’est très réussi. Dès 2014, de nombreux artistes internationaux sont venus travailler sur les murs de ce joli village de plus de 2000 ans. Poser dans un coin votre auto, et déambulez dans les petites rues du village pour admirer toutes ces fresques, c’est superbe et magique. Un bon nombre d’artistes du monde entier sont venus remplir le vide de murs anciens pour donner un bel esprit d’ensemble. Je vous propose de regarder un plan sur le net avant pour prendre en compte l’envergure de la géographie des fresques à l’échelle du village, ne vous contentez pas du centre et des rues adjacentes, les fresques sortent du village pour aussi attaquer la périphérie. Sans un plan vous passerez à côté des plus belles, ce serait ballot, il y en a plus de 250. Prévoyez une demie journée minimum pour se faire la visite tranquille et pourquoi pas louer une chambre pour y passer du temps et s’imprégner de l’espace et de la gentillesse des habitants. Il est agréable de se laisser aller et découvrir de bien belles choses. Une fois les yeux ébaubis, arrêtez vous sur la petite place du vieux centre et prenez un thé à la menthe brulant pour vous désaltérer.

une vidéo sur DJERBAHOOD : https://www.youtube.com/watch?v=zjSmI7gcytk

Vous remonterez à la suite dans votre auto, vous irez si vous avez encore du temps sur l’ouest de l’ile et découvrir ces petites plages aux couleurs émeraude, presque aussi joli que la côte du même nom, mais avec un climat un peu plus chaud. Ici, à l’ouest, pas de gros hôtels, les plages ont certes un peu de cailloux coupants, mais l’eau est belle, et compte tenu de la chaleur, il est vivement conseillé d’aller se laver de la poussière en prenant un bon bain. Comme vous serez quasi seuls sur la plage, une sieste à l’ombre d’une barque de pêcheur peut être de bon ton surtout si vous êtes amoureux, vous aurez l’impression que tout est pour vous ici, la vue, le calme, le soleil qui caresse votre dos. 

S’il vous reste encore des forces, vous pouvez descendre au sud en passant pas les villages où on sait encore fabriquer de la poterie, même si c’est un peu « spécial touriste » pour certaines. En remontant juste après avoir viré à l’Est, vous pouvez vous arrêter sur le site archéologique pour regarder les vieilles pierres, ce n’est pas extraordinaires, mais lisez sur place le descriptif qui est présenté sur la vie d’il y a… beaucoup d’années, c’est instructif, et vous pourrez vous rendre compte que la mer a déjà grignoté la terre, ça vous fait réfléchir à la fonte des glaces aux pôles et à la nécessité d’avoir une attitude écologique à l’échelle des états et ce rapidement. Gageons que les politiques changent rapidement, croisons les doigts et allons mettre un cierge dans une église locale. Vous regrettez d’ailleurs d’avoir loué une voiture, vous auriez pu louer des vélos pour la balade. 

Après cette journée interessante de découvertes, vous pouvez en rentrant, si vous voulez vous rendre compte de l’effet covid sur l’économie locale touristique, longer un peu la cote Est, vous y verrez nombres d’hôtels fermés ce qui fait un peu mal de voir tout ce béton abandonné. Les herbes folles reprennent leur place. Les fans de l’Urbex seraient ravis de pouvoir faire des photos. Vous aurez fait attention à ne pas aller au parc touristique… touristique à souhait, quant à la ferme de crocodiles, pas sûr que ça vaille le coup…avoir un sac en croco ça fait mauvais genre et pour ce qui est des chaussures, ce n’est plus à la mode et c’est tant mieux.

De retour à l’hôtel, laissez la voiture dans un coin, le mieux est d’aller direk au bar pour laver la poussière accumulée, la bière est comme partout, fraîche et salvatrice. Souriez, la vie est belle et la bière bonne du reste, vous allez en reprendre une autre pour voir si elle est toujours aussi bonne.

Pour se rendre à Djerba, dès le mois d’avril la température est douce, on est aux alentours des 22°. La bonne période pour y aller en dehors de heures d’affluence pour éviter de reproduire l’expérience du métro comme toute l’année pour les parisiens, est de partir mi juin. 

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