Allez, Eléonore n’ayant pas de mission archéologique depuis le voyage ces derniers jours à Istanbul, (voir Istanbul, la perle du Bosphore). Elle m’a vivement engagé à repartir, sans presque vider les sacs de voyages. Elle est comme ça Eléonore, sauter d’un avion dans un autre pour aller chasser les vieilles pierres: hier quand elle était plus jeune à Abu Simbel, plus tard à Terracotta en Chine ou à Tikal au Guatemala mais aussi plus simplement au forum en Italie, ou encore aussi à Göbelki Tepe et dans les grottes d’Ellora. Elle a toujours une histoire à raconter sur les fouilles, une histoire de personne, une histoire dans l’histoire, une histoire d’il y a 4 ou 5 mille ans. Elle sourit, elle se lance à raconter ses expériences et devient intarissable, je resterais des heures à l‘écouter, à m’enivrer de sa passion pour ses recherches. Sa voix se fait douce quand la nuit arrive, elle baisse la lumière pour la tamiser comme elle fait pour la terre dans son tamis, nous sert un autre verre… et comme au cinéma, le silence se fait, seul le son de sa voix raconte ses expériences d’endroits magiques, ses rencontres d’hommes et de femmes qui jalonnent ses voyages de travail. Moi, je sens le rythme de mon coeur baisser doucement, je me détends, je souri ébaubi. Ce soir là, après quelques verres, elle a dit: « Partons encore s’il te plait, j’en ai besoin, j’ai besoin de prendre encore un peu d’air, je suis sûre que tu as besoin d’air aussi, partageons cet air ensemble, respirons le ensemble, profitons en ensemble. Elle a posé sa main, sur ma cuisse tendrement, son regard m’a cueilli, son nez dans mon cou m’a achevé, elle avait passé ses bras autour de mes épaules, mon coeur était électrique, il a failli lâché mais c’est moi qui ai lâché. J’ai accepté ravi en l’embrassant doucement.
Eh voilà, c’était il y a quelques jours. Prendre un billet, c’est facile, ce soir là, elle a sorti son ordi et en deux ou trois clics, notre avion était réservé, notre hôtel également.
Départ de Nantes, bien pratique, 2h55 de vol, je passe la chercher ce matin, nous déjeunons sur le pouce dans une ambiance de sourires. Le plaisir de repartir après une semaine alors que l’excitation du voyage d’Istanbul (voir le résumé de voyage dans l’onglet voyages) n’est pas encore retombée, moment particulier. J’avoue ne pas avoir fait deux voyages par le passé à huit jours d’intervalle. Le taxi passe nous charge et bim… l’avion atterrit déjà à Marrakech, tout s’est passé en deux coups de cuillères à pot, une sorte de téléportation, et déjà nous profitons de la chaleur en sortant de l’avion, il est vrai que fin mars, après un hiver de froidure, il est de bon ton de sentir cette douce chaleur sèche nous inviter à passer quelques jours. 28 degrés a précisé le pilote il y a dix minutes alors que nous faisions un virage sur l’aile au dessus de la ville, nous nous regardons, Eléonore ferme les yeux pour gouter ce moment. Les bagages récupérés, enfin les bagages… les sacs, nous voyageons light, nous sautons dans un taxi et en direction de l’hotel dans la palmeraie, un truc pas trop grand, pas trop touriste, pas trop loin du golf et surtout au calme. L’objectif est d’écrire, de lire, de se reposer au bord de la piscine et de gouter à deux des moments de détente. Les visites oui bien sûr, mais calmes car tous les deux nous sommes venus plusieurs fois à Marrakech et nous avons une certaine connaissance de la ville et de ses quartiers.
Le taxi couleur beige comme il se doit ici est joueur dans les rues de la ville. Vitres ouvertes, oui, pas de climatisation dans la vieille Fiat Punto, nous nous faisons à l’ambiance locale. Un air chaud remonte du désert et nous enveloppe, je sens mes reins se teinter d’une peu de transpiration. La robe d’Eléonore est un peu remontée sur ses cuisses, je remarque un regard du taximan dans le rétro, je fais glisser le bas de sa robe sur ses genoux. Dans ma tête me revient la chanson: « elle fait glisser son coeur croisé sur sa peau bronzée, t’as les bas nylon qui filent sur l’édredon, ses ongles m’accrochent… ». Elle tourne la tête, me sourit, ça m’suffit. Mes yeux s’éclairent derrière mes lunettes de soleil.
Nous entrons dans la Palmeraie. Le paysage change, les arbres se font plus présents, un rien de fraîcheur nous accueille. Hôtel, réception, chambre, maillots et nous nous retrouvons au bord de la piscine, bien bleue comme il faut. On se laisse aller, je sors mon livre, et saute à l’eau, un rien de bonheur m’envahit en même temps que le fraîcheur relative de l’eau. El, vient me rejoindre, nous faisons quelques brasses. Elle vient se lover contre moi et m’enserre la taille de ses bras.
Alors, hormis, passer du bon temps dans la piscine, hormis lire et hormis faire la sieste, Marrakech offre de bonnes surprises. La première sera de se trouver un chouette resto typique. Quels sont les choix pour diner? Honnêtement, ici, la ville regorge de restaurants, de toutes les tailles, des où seuls les locaux vont déjeuner sur le pouce, des où il n’y a que des touristes, des où vous pouvez trouver des pizzas des où vous trouvez des poissons et puis bien sûr vous pouvez choisir par quartier, Guéliz, L’hivernage et la médina. Bien sûr, le mieux est de choisir du yabon local et là vous avez matière à vous faire plaisir, car ici, c’est peut-être une chouille moins variée que la cuisine française ou italienne mais c’est très bon aussi avec des plats qui font le tour du monde mais qui ne sont jamais meilleurs qu’ici… parce que ici… il y a l’ambiance, la ville, les couleurs, les odeurs. Bien évidemment, ces quelques propositions sont très personnelles et elles sont loin de représenter quelque chose d’exhaustif en matière d’offre.
-Le Bistrot arabe: dans une petite rue, le cadre est somptueux, j’ai choisi pour ce soir de faire confortable, les personnes qui vous reçoivent sont toutes souriantes et particulièrement aimables., on sent qu’il y a de la formation avancée s’agissant du personnel pour ce qui est de l’attention au client, c’est propre et sans bavures. Comme l’endroit n’est pas trop grand façon cantine d’entreprise, vous vous trouvez facilement des tables pour deux, autour du bassin c’est bien mais vous avez quand même de la place aux étages y compris sur la terrasse. La carte dans ce riad est suffisamment grande pour que vous trouviez ce qui vous fera enchantera, car oui, non seulement les assiettes sont belles, mais ce qu’il y a dans les assiettes est joli aussi, pour ne pas dire raffiné et en tout état de cause, savoureux. Le mieux pour vous y rendre est de prendre un taxi, de toute façon quand vous êtes à la Palmeraie, vous n’avez guère d’autres possibilités, étant donné la distance et quand bien même, pour se garer si vous avez une auto, ce n’est pas ce qu’il y a de mieux. Bon ceci dit si vous êtes joueur, et … avec un peu de chance vous pourrez trouver une place pour votre auto, et auquel cas, le crusing dans la médina à minuit est très sympa si votre mie ne se fait pas des films quant à une possible dangerosité, ce qui est très exagéré, la médina est au contraire calme le soir, c’est d’ailleurs en plein de milieu de la nuit, toujours étonnant. Le décor du bistrot arabe est enchanteur, ouaip… c’est un bon endroit pour y diner. Les rues en sortant du restaurant sont plutôt calmes comme prévu même s’il y a quelques passants.
Je propose à El de déambuler un peu au hasard dans la ville éteinte de ses bruits de journée. L’ambiance est toute différente, nous nous laissons nous perdre, petites rues, petites ruelles, des placettes, des ombres dans un lumière faiblarde. C’est paisible, la température est encore douce. Ah, si vous ne vous sentez pas d’être seuls dans la médina, il existe aussi des visites privées, mah bon… c’est un peu moins sexy quand vous êtes en amoureux. Quelques autres offres toujours dans la Médina.



-Le Foundouk: entièrement refait, il faut avouer que là aussi, l’ambiance est plutôt cosy. Décoration aux accents marocains, on dine dans un patio ou dans des salons aménagés si vous êtes nombreux ou s’il fait beau, vous pouvez demander la terrasse. Pour ce qui est de la carte, même si vous trouvez des sensations occidentales aux plats proposés, vous pourrez choisir quelques spécialités locales, spécialités préparées avec attention. Ici vous dinez au calme, et si vous avez choisi la terrasse, la vue est bien fichue comme vous pouvez en avoir une idée, vue sur les toits terrasse de Marrakech avec un 360 degrés ou presque. En résumé, codes intimistes et raffinés. Pour ce qui est des clients, ils sont en majeure partie occidentaux, l’adresse est connue, si vous voulez aller dans un endroit de locaux, il faut choisir autre chose. Bonne adresse en tout cas. Les prix sont raisonnables si on vient avec des habitudes occidentales.
-La maison Arabe: oups… là on est dans une offre chic au sens raffinée. Un lieu à tester même si ce n’est pas ce qui est bon marché. Une réputation ancienne, c’est joli, c’est léché, c’est chouette pour ce qui est de l’offre tant d’un point de vue déco que d’un point de vue culinaire. La déco est certes chouette, mais vraiment dans les codes classiques aussi, vous serez sans doute admiratif mais sans pour autant être bousculé, on a tous vu ce genre de déco dans les magazines de déco, d’un autre côté, c’est vraisemblablement ce qui fait le succès de l’endroit, être choyé et rassuré.
-Dar Zellij: dans un palais ancien de quelques siècles, le restaurant vous transporte dans un décor très très local sans l’apport du côté occidental de la déco revue façon Marrakech. C’est classique, c’est bien fait, vous y trouverez les spécialités marocaines bien traitées pour vous ravir. Nourriture excellente, service attentionné. Vous serez comblé.
-Al Fassia sur Gueliz: une adresse connue de tous dans la ville, sans doute le plus couru et ce par tous, la déco est vraiment classique de chez classique, et vous aurez aussi dans les classiques une offre culinaire classique, offre de bon gout avec l’authenticité en plus. Ici on croise des locaux, c’est sans doute pas dû au hasard. Vous pourrez commander la farandole des spécialités, en fait, s’il y a des locaux, il est tout aussi simple de commander comme eux, vous ne vous tromperez pas. L’accueil est bien fait, d’aucuns disent que la cuisine et le service ne se conjuguent qu’au féminin.
Pour ce qui est des choses à voir, le mieux est de regarder dans les guides, l’offre est identifiée depuis longtemps. Les amateurs de vieilles pierres y trouveront leur compte, les amateurs de palais aussi, les amateurs d’arts contemporains aussi mais là l’offre est moins identifiée.



-La galerie des Mines dans Gueliz: très joli bâtiment typique art déco des années trente, immeubles de quelques deux étages en très bon état. Les propositions d’oeuvres se déroulent souvent sur plusieurs étages, vous pouvez ainsi en plus visiter ce qui est sympa. Demandez aux jeunes femmes quelques éclaircissements sur l’artiste, elles vous donneront la vision, et l’esprit du message des œuvre en même temps que des infos sur l’artiste consacré.
-Le Macma aussi dans Guéliz: un peu perdu au fond d’une petite impasse entre deux immeubles. Le mieux est de demander dans un bar les adresses de celui-ci mais aussi des Mines et du 127. Avantages: ils sont tous les trois à une portée de flèche. Si vous êtes en auto, garez vous dans une rue adjacente au Radisson et allez prendre un café sur le grand carrefour un peu plus loin, les Négociants, là vous posez vos questions. Le bâtiment a été refait de fond en comble, les salles sont propres, ça sent presque la peinture. L’entrée est payante, bon marché. Il y a une sorte de circuit avec de petites salles qui se suivent, l’offre est interessante même si nous ne sommes pas au Moma, je pense que le nom du musée n’a pas tout à fait été choisi au hasard. Il semble qu’il soit courant de retourner à la fois des cultures et des photos, il y avait même des motos revisitées façon oeuvre, une sorte de tuning chic.
-Galerie 127: enfin quand vous êtes dans le quartier, il faut aller voir la galerie 127 du nom du numéro de l’immeuble, là aussi un immeuble 30, mais lui encore dans son jus. En gravissant les escaliers, vous pourrez vous arrêter chez le Gynéco, ou le généraliste, la salle d’attente déborde presque dans les escaliers. Si vous continuez de monter jusqu’au 3ième, vous arrivez à la galerie. La boss est très sympa. Plusieurs petites pièces pour l’accrochage des photos et plus une grande dans ce qui était un appartement précédemment, l’immeuble a dû être chic, fut un temps lointain sans doute, jeter un rapide regard sur le hall de l’immeuble en passant. Expo photos à ce moment là, des belles choses à voir.
-Musée d’art contemporain, le Macaal. De l’autre côté de le médina par rapport à Guéliz. Bâtiment moderne, crée à l’initiative de mécènes. Ici on présente des oeuvres autour de l’art africain, beaucoup de photos mais pas que. On peut y faire un tour, voire un détour, les pièces sont climatisées, au moins si l’expo ne vous plait pas vous passerez un moment à température occidentale.
Pour ce qui est de la médina, il faut bien sûr y aller. Pour ce qui est de la fameuse place Jemaa el Fna, vous y retrouverez tous les touristes et le Café Français où il faut reconnaitre qu’aller prendre un thé à la menthe sur la terrasse pour le coucher du soleil, c’est sympa de le voir disparaitre sur l’horizon avec en coin sur la gauche la tour de la mosquée de la Koutoubia qui se détache au dessus des toits. Ah, bien sûr, si vous optez pour cette idée de terrasse, dites vous que vous n’êtes pas les seuls, donc sur la terrasse les places sont plus chères que le thé à la menthe. Autour de vous, toutes les nationalités sont représentées ou presque, c’est dire si le plan est connu. Dans la médina si vous voulez sortir des sentiers battus, vous pouvez vous jeter dans les petites rues en direction du quartier des tanneurs. En chemin, vous vous apercevrez que vous rencontrez de moins en moins de touristes, c’est bon signe, c’est que vous rentrez dans les quartiers authentiques. Dans les rues, vous croisez de nombreuses mopettes qui outre le fait de polluer un peu plus, vous écraseraient d’un rien. Un conseil, marchez dans les rues bien à droite et pas comme les touristes au milieu, d’ailleurs c’est à cela qu’on les reconnait, ils ne se rendent pas compte du danger à marcher sans respecter les coutumes locales. Une seule exception au fait de marcher côté droit des rues, quand les rues ont de l’ombre seulement d’un côté, tout le monde marche de celui-ci. Arrivés au parc des tanneurs, vous saisissez le brin de menthe qu’on vous tend au cas où vous auriez le nez bouché et que vous ne vous soyez pas rendu compte en arrivant que c’était bien là le truc des tanneurs, ici pas besoin de panneaux ni de GPS, laissez la technologie et guidez vous à l’odeur, vous verrez comme c’est efficace pour trouver. Une fois sur place, si vous aviez trop mangé la veille ou trop bu ou trop les deux… pas sûr que vous restiez sur place longtemps, il faut avouer qu’au début vous vous rendez compte que l’odeur est «particulièrement présente », et puis vous pensez que vous allez vous y habituer, mais non en fait, s’y habituer ce n’est pas possible. Vous n’osez même pas ouvrir la bouche de peur que l’odeur se fixe et que vous ressortiez avec un sale goût. Eléonore n’échappe pas à la règle. Je la vois faire un effort au début, un léger sourire forcé au coin de la bouche, puis faire un peu la grimace sans s’en rendre compte, puis devenir un peu blanche… puis verte et se cacher derrière son écharpe. Je lui souris, elle me regarde un peu désolée. Il est temps de changer d’endroit avant que qu’elle ne tourne de l’oeil. Nous sortons un peu plus vite que nous sommes entrés, moi j’ai quasiment enfoui dans me narines les brins de menthe, on dirait une tête de veau avec du persil sur l’étal du boucher. Nous en profitons pour faire le tour de médina et nous perdons dans les ruelles larges comme çà. Très sympa, personne ou presque, une autre médina que celle que l’on connait. Quelques chouettes Riad au hasard, de belles portes colorées.
Retour en taxi. Demain c’est retour at home, la fin de la journée se fera au bord de la piscine en maillot à profiter des 35 degrés, chaleur salvatrice pour cette fin de mois de mars.